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Message par Hogne Mar 7 Juin - 14:09


Mormal

Les peuplements forestiers de la forêt de Mormal sont gérées en futaie régulière, équienne, présentant un déséquilibre d'âge particulièrement important et problématique, la majorité des peuplements de chênes pédonculés (70-80 %) datant de la glandée de 1919. Ce mode de gestion ancien (futaie régulière), appris de l'école allemande et que l'on applique en immense majorité dans les forêts tempérées, et que l'on dit plus aisé à mettre en œuvre à tort, implique que les peuplements devront immanquablement et malheureusement être renouvelés par coupes définitives suivies dans le meilleur des cas par une régénération naturelle dans les quelques décennies, malgré l'impact évident des coupes rases sur les paysages, la faune, la flore, et le tassement des sols, particulièrement désastreux en forêt de Mormal et malheureusement irréversibles sur les sols limoneux de Mormal (80 % des sols sont détruits, sans possibilité d'amélioration naturelle ou humaine, d'après le niveau de connaissance actuel des pédoloques). Ce tassement implique que la flore herbacée est fortement perturbée pour au moins quelques siècles, peut être à jamais.



La futaie régulière sur feuillu est une longue tradition française car elle date au minimum de Philippe Le Bel donc du XIIIéme siècle. Ce qui est souvent appelé l'école allemande est la plantation de conifères en plaine et en futaie régulière qui date du XIXéme siècle.

La forêt de Mormal comme beaucoup de forêts françaises était formée de taillis ou de TSF qui ont été convertis en futaie régulière au XIXéme et XXéme siècles. Ce qui explique la présente dominante du chêne pédonculé alors que nous sommes sur des stations à hêtre ou chêne sessile.

Je comprends difficilement cette opposition à la futaie régulière, la biodiversité est différente entre les différents traitements. Il faut à l'échelle du paysage avoir une mosaïque de différentes sylvicultures avec si possible pour des raisons de développement durable avoir une dominante de futaies régulières et irrégulières.

Le tassement des sols n'est pas du au traitement en futaie régulière mais principalement aux passages des engins, à l'absence de chablis et à la fréquentation du public (surtout pour les forêts periurbaine). Il faut à la fois limiter l'impact du passage des engins (taille des pneus, chenille, chevaux, treuillage, etc....), limiter la circulation (volume de bois exploité) et canaliser la circulation. Pour beaucoup de forêt du Nord, le tassement des sols est historique et dans de nombreux date du Moyen-Age.

Le plus gros impact sur la flore est le défrichement. Un défrichement datant de l'époque gallo-romaine est encore visible sur la végétation forestière. La pluie de nitrate sur les sols ont un impact majeur sur la végétation, en 30 ans les forêts du nord ont gagné un indice de 1 pour les stations. Les invasions biologiques commencent à très sérieusement impacter la flore forestière.


Le nourrissage par agrainage des populations de sangliers et de chevreuils permettant aux chasseurs de chasser des animaux à peine sauvages impacte de manière négative les populations de grands cervidés et la régénération naturelle. Ceci est un second problème majeur au même titre que le tassement des sols.

Le problème d'équilibre faune-flore est beaucoup plus complexe qu'un simple problème d'agrainage car il dépend du mode de gestion forestière (dynamisme de la sylviculture, gestion du sous bois, essence objectif, taille des parcelles, etc......), de la chasse (taux de prélèvement, sexe ratio, pyramide des âges,...), des prédateurs présents (lynx, loup, ours, etc...) et du dérangement. Le retour du loup est sûrement la méthode la plus efficace pour résoudre le problème.
Comme dans toute population, humaine y compris, la pyramide des âges doit être respectée pour assurer un fonctionnement plus proche de la nature. Ce n'est pas le cas. La forêt de Mormal est une forêt complètement anthropisée.

Toutes les forêts françaises sont marquées par l'action anthropique. En Europe, il y a très peu de forêts qui ont connu un a impact de l'action de l'homme. Le hêtre a pu recoloniser l'Europe sans doute grâce aux perturbations induites par les premiers agriculteurs...

L'ONF persiste à appliquer une gestion en futaie régulière, d'où les coupes rases souvent trop rapides (et destruction des écosystèmes, du sol, de la microfaune, de la faune, de la flore accessoire, des paysages) et les replantations couteuses et s'éloigne d'une forêt "naturelle".


Seule une gestion jardinée (ou irrégulière) et continue, dans une futaie claire et ouverte, limiterait ces effets pervers. un autre mode de gestion forestière dit "plus proche de la nature" et réellement multifonctionnel, décrit par l'association ProSilva. Cette gestion respecte l'ecosystème : fini les coupes rases, plus de lumière au sol, une production plus rentable axée sur la qualité de quelques individus plutôt que sur le volume et une qualité moyenne (le prix du bois augmente de manière exponentielle avec la qualité), meilleure capacité d'accueil cynégétique, plus de biodiversité, meilleure résilience aux tempêtes et aux pathogènes, aux incendies, forêt plus accueillante pour le public, coupes moins traumatisantes pour les riverains, investissements largement inférieurs (presque plus de plantation, moins de dégagements, de nettoiements)... et à terme, meilleure rentabilité ! Mais aussi gestion du gibier raisonnée, chasseurs plus respectueux et connaisseurs des milieux.

LA gestion en futaie jardinée n'est pas plus écolo qu'une autre. La biodiversité présente est différentes. La futaie régulière permet de conserver les espèces des clairières par contre la futaie jardinée permet de conserver le plus facilement les scyaphiles.

Le plus important à regarder sont les pratiques qui accompagne la sylviculture. Entre un peuplement de douglas en futaie irrégulière ou un peuplement de chêne sessile en futaie régulière, mon choix est vite fait. Il faut à l'échelle d'une petite région avoir une mosaïque de traitement avec de bonnes pratiques. Il faut promouvoir la futaie irrégulière car encore trop marginale au détriment des taillis et TSF et de la futaie régulière.
Enfin, à Mormal, depuis 5 ans, les volumes de M3 à l'hectare et les martelages en cours et prévus dépassent les normes d'usage, et notamment dans les forêts plus proches de Paris. Les forestiers privés et les syndicats ONF ne sont pas les derniers à dénoncer ce qu'ils considèrent être des excès de l'ordre moyen de 30% de surmartelage et donc de coupes abusives et dépassant même les objectifs énoncés dans les contrats programmes et les comparant aux volumes sortis ailleurs.

Ce problème est souvent dénoncé sans chiffre à l'appui. Je suis preneur de données précises afin de dénoncer ce problème. En avez-vous sur Mormal?


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Suite des commentaires du technicien écrivant en gras ci-dessus

La suite du même auteur

La forêt est constituée en grande partie de peuplement de chêne pédonculé mais il y a des chênes sessile et du hêtre. La forêt climacique est la hêtraie ou la chênaie sessiliflore sur les partie en plateau. Les fonds de vallon et vallées sont des chênaies pédonculées.

La majorité des chênes pédonculés sont hors stations et posent un sérieux problème en terme de durabilité de la sylviculture. A court terme, le forestier pour éviter des dépérissements majeurs doit appliquer une sylviculture dynamique. En fin de révolution se pose le problème de la régénération. En effet, beaucoup de peuplements ne pourront pas être régénérer naturellement en chêne sessile ou en hêtre du fait du manque de semencier. La plantation est le seul moyen d’accélérer la dynamique forestière. Avec le chêne pédonculé, il ne faut avoir de révolution dépassant 140 ans ce qui veut dire que la forêt doit être régénérer en grande partie avant 2060... Ce qui à l'échelle d'un forestier doit être très rapide. En tant qu'association vous avez intérêt à militer pour conserver des îlots de vieillissement. Du fait des contraintes des changements climatiques et pour pouvoir conserver de la biodiversité, il faut proposer comme essence objectif le sessile en mélange avec d'autres feuillus (hêtre, tilleul, charme, merisier, alisier, etc....).

La futaie irrégulière: elle est bien maîtrisée pour les dryades comme le hêtre pour les post-pionniers et les pionniers la situation est plus difficile. Il y a un certain nombre de forêts qui passent en irréguliers sur des essences comme le sessile le pin maritime. Actuellement, nous n'avons pas assez de recul pour savoir si le système marche. J'ai pu voir quelques cas qui permettent d'être optimiste. Pour ma part , je pratique depuis 20 ans la régénération du chêne sessile sur des trouées comprises entre 0,25 ha et 0,50 ha. La réussite dépend fortement de la hauteur et de la surface terrière du peuplement environnant la trouée. Je suis dans une structure intermédiaire entre le régulier et l'irrégulier. La plantation ne marche pas sur de très petites trouées qui permettrait d'aller sur de l'irrégulier. Je tente de la régénération naturelle en irrégulier de sessile. Ce n'est pas évident car si la trouées est trop petite les jeunes plants ne sont compétitif face au charme et tilleul. Je ne peux pas le faire massivement car je n'ai pas assez de semenciers de sessile. Pour aller vers l'irrégulier il y a encore un gros travail de développement qui inclus la formation des forestiers. Il faut remarquer que la structure irrégulière est rare donc elle est a promouvoir.

La futaie irrégulière est souvent brandie comme une structure naturelle. Certes de nombreuses forêts primaires ont des structures qui se rapprochent de la futaie irrégulière (Bialowieza, Hoperski, etc...) mais les fonctionnements sont très différents en particulier au niveau du sol et de la matière organique. De nombreuses forêts primaires ont des structures régulières (Yellowstone, est de la Scandinavie, etc....). L'équipe à laquelle j'appartiens travail sur la génétique des forêts fossiles de chêne sessile. Pour le moment, les différents forêts à notre grande surprise sont régulières et nous avons des exemples en Bretagne, Savoie, Lorraine, Grande-Bretagne, Allemagne et Pologne

Mormal a des sols très sensibles au tassement du fait de la texture. La tendance à augmenter les prélèvements accroît fortement les risques. Le forestier local doit être dans une situation difficile car les directives nationales demandent un prélèvement plus fort. La sylviculture du pédonculé exige un prélèvement fort durant toute la révolution. Si le prélèvement est fort, plus d'engins circulent donc le sol est tassé.... Il y a là un dilemme ou souvent le sol est sacrifié pour des impératifs de court terme.

Hogne
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